- ZAIBATSU
- ZAIBATSUZAIBATSUClan financier (littéralement: «clique financière») dont l’existence historique est particulière au Japon. Le zaibatsu domine l’économie nippone jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale tant par le monopole financier qu’il constitue que par un type d’organisation des industries. Comparable, sous certains aspects, aux cartels européens et américains, le zaibatsu s’en distingue avant tout par une direction essentiellement personnelle ou familiale des affaires: les familles Mitsui, Mitsubishi, Sumitomo et Yasuda représentent le zaibatsu dans sa forme la plus caractéristique et contrôlent leurs entreprises exclusivement par l’intermédiaire de leurs propres parents. Le financement présente un caractère très fermé, puisqu’il se limite aux seules familles du clan: les actions des compagnies du groupe demeurent leur propriété exclusive. À la différence des consortiums allemands (Gemischte Werke ), le zaibatsu se compose d’activités économiques très diverses n’ayant pas de rapports organiques entre elles, les activités dominantes se situant dans les domaines de la banque et des transports.Le zaibatsu apparaît dans la première étape du développement du capitalisme japonais dès la réforme de Meiji (1868): il y transpose les comportements féodaux hérités de l’ère Tokugawa. Profitant de leurs liens étroits avec les dirigeants politiques et gouvernementaux, les fondateurs de zaibatsu, financiers et grands commerçants, achètent, à des conditions exceptionnellement avantageuses, certaines des régies (mines, chantiers de construction navale, usines sidérurgiques) instituées dès 1868 par le gouvernement de Meiji. Les zaibatsu se renforcent considérablement à partir de la Première Guerre mondiale et bénéficient en outre de l’invasion japonaise de la Chine (1931) qui entraîne le développement de l’industrie de guerre. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les zaibatsu accentuent la domination qu’ils exercent sur l’économie japonaise et la contrôlent presque totalement: d’une part, les petites et moyennes entreprises — et c’est une autre particularité de l’industrie japonaise — sont soumises progressivement à l’influence du zaibatsu; d’autre part, de nouveaux zaibatsu se forment en se fondant sur les industries de pointe de l’époque (électricité et chimie), qui s’attachent particulièrement alors à pénétrer les pays asiatiques.En août 1945, l’armée américaine d’occupation ordonne la dissolution des zaibatsu, «afin, déclare Corwin Edwards, chef de la mission américaine d’investigation des zaibatsu, de détruire psychologiquement dans son organisation la force militaire du Japon qui trouva dans les zaibatsu le moyen de se renforcer pour la continuation de la guerre». Elle met fin à la domination exercée par les sociétés holdings, tant sur le plan purement économique que par le biais du contrôle financier des entreprises. Bien que le zaibatsu ait été ainsi dissous et qu’une loi interdise la constitution de monopoles, cela n’empêche pas sa réapparition, sous la forme du keiretsu au début des années 1950. Au lieu du système de direction familiale des entreprises, des directeurs d’un type nouveau, des «managers», prennent la gestion en main. Aujourd’hui, les keiretsu, au nombre de quarante ou de cinquante, selon les auteurs, emploient 20 p. 100 de la main-d’œuvre japonaise mais s’appuient sur une multitude de P.M.E. sous-traitantes qui leur sont étroitement subordonnées. Leur structure peut évoquer, plus ou moins nettement, la recherche d’une intégration verticale ou s’organiser horizontalement à travers toute une gamme d’activités couvrant les fonctions financières, commerciales et productives: appartiennent à cette seconde catégorie les six pôles majeurs que constituent Mitsubishi, Mitsui, Sumitomo, Fuy 拏 (Banque Fuji), D.K.B. (Banque Dai-Ichi Kangyo) et Sanwa (Banque Sanwa). Dans tous les cas, le keiretsu ressemble moins à un groupe de type occidental qu’à une véritable nébuleuse d’entreprises, liées par une quantité de participations croisées, par des relations commerciales, et surtout par un réseau complexe de relations entre les hommes, fait de synergies et d’obligations réciproques (clubs, circulation de l’information économique, formation mutuelle, etc.). Cette forme d’organisation très particulière, au sein de laquelle se distinguent les sogo shosha (maisons de commerce), se trouve au cœur de ce que l’on appelle le protectionnisme japonais.zaïbatsu [zajbatsu] n. m.ÉTYM. Mil. XXe; mot japonais.❖♦ Écon. Grande entreprise (trust ou holding), au Japon.
Encyclopédie Universelle. 2012.